samedi 26 avril 2008

Le "neveu assassin"

Le 15 octobre 1933, Jacques Broquereau, cultivateur à Sèvres-Anxaumont, vient apporter des fagots de brande à sa mère. La vieille dame de 76 ans réside non loin de là au hameau de Chantelle. A son arrivée, Jacques trouve la maison fermée. Il frappe à plusieurs reprises, appelle, mais n’obtient aucune réponse. Il se saisit d’une échelle et regarde à l’intérieur. Un désordre indescriptible règne dans l’unique pièce de la demeure. Tout a été renversé. Anxieux, il demande de l’aide à un voisin.

Les deux hommes brisent le carreau d’une fenêtre et parviennent à entrer. Un spectacle affreux s’offre alors à eux. Florence Broquereau gît sans vie à côté du lit. Son visage, méconnaissable et en état de décomposition avancé, baigne dans une mare de sang coagulé. Des traces de strangulation sont encore visibles. Le mobile du meurtre ne fait aucun doute : le vol. Des pièces en or et en bronze ainsi qu’un porte-monnaie déchiré sont retrouvés sous un meuble. Une blague à tabac en peau oubliée sur une maie oriente les enquêteurs. Elle appartient au neveu de la victime : Louis Davaille. Le jeune homme de 28 ans, père de quatre enfants, est arrêté à son domicile du Champ Berland, près de Poitiers. Longuement interrogé, il finit par faire de terribles aveux : le 7 octobre, vers 22 heures, il vient frapper à la porte de sa tante. Elle le fait entrer, lui offre des cerises à l’eau-de-vie. Le jeune étant totalement ivre, elle décide de le mettre à la porte. Davaille devient hystérique. Il saisit la vieille dame à la gorge et l’étrangle. Comme elle respire encore, il s’arme d’une pelle à foyer et la frappe jusqu’à ce qu’elle cesse définitivement de bouger. Après s’être emparé de la somme de 1100 francs et de plusieurs bagues en or, il s’enfuit en prenant soin de fermer la porte à clé. Il déclare ne pas avoir prémédité son crime et avoir agi sous l’emprise de l’alcool.

Le procès du « neveu assassin » s’ouvre à Poitiers le 19 février 1934. A 13 heures, Louis Davaille fait son entrée dans le box des accusés. « Ses étroites épaules tombantes sont surmontées d’une tête au visage pâle, aux longs cheveux portés en arrière et aux yeux bleu-gris fuyant tout regard », écrit un journaliste. Nerveux, fébrile, sur le point de pleurer, il écoute le récit de son crime. Sur le bras gauche de son veston, l’accusé porte un brassard. « Peut-être le deuil de sa tante et victime qu’il porte ainsi ? », s’interroge-t-on dans la salle. Un coup de théâtre vient interrompre le déroulement du procès. Une panne d’électricité oblige à remettre les débats au lendemain. Louis Davaille est finalement condamné à 15 ans de travaux forcés et à 20 ans d’interdiction de séjour.

Sources : L’Avenir de la Vienne
Illustration : La Une de L’Avenir de la Vienne du 16 octobre 1933

3 commentaires:

Anonyme a dit…

comment savoir la suite, qu'est devenu la famille de l'assassin et les enfants en particulier ? et l'assassin lui mème ? pas de protection sociale a l'époque.
j'ai découvert ce blog en faisant des recherches familiales et depuis, j'ai "presque" tout lu,
BEAU TRAVAIL

Vincent a dit…

C'est la grande difficulté de ce travail. On ne sait jamais ce que deviennent les proches des victimes (grand débat que la place des proches des victimes)... Idem pour les assassins où les archives ne laissent que peu de traces après le jugement... A noter, le travail de Mme Michèle Laurent sur les bagnards de la Vienne qui m'a permis de "prolonger" mes histoires et d'avoir quelques informations supplémentaires sur les bagnards. Merci de votre commentaire qui me pousse à poursuivre mes recherches

Anonyme a dit…

Je suis née dans le même petit village , ma grand mère nous avais raconté cette histoire
Il y a encore des Broquereau qui y habitent