vendredi 18 avril 2008

Biard, 1935 : agressés pendant leur sommeil

Le 14 juillet 1935, Gabriel Hulin, cimentier dans une entreprise de travaux publics installée à Tours, se rend à Poitiers pour célébrer la fête nationale. Originaire de Biard, le jeune homme de 22 ans, connaît particulièrement bien la région. Grisé par les festivités, il se retrouve rapidement sans ressource. C’est près de son lieu de naissance, dans le village de Vauloubière, qu’il décide de se refaire.

Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1935, Gabriel Hulin, armé d’un rasoir, se rend chez les époux Prioux, un couple de cultivateurs connu pour posséder quelques économies. Après avoir escaladé une haute clôture, Hulin arrive devant la maison du crime. Tout est calme. Les époux Prioux, âgés de 59 ans, dorment profondément, la porte de la cuisine, qui leur sert également de chambre, entr’ouverte et calée par une chaise. Hulin tente alors de pénétrer à l’intérieur. Le bruit de la porte réveille la femme Prioux. Elle demande à son mari de vérifier si ce n’est par leur chien qui est entré dans la maison. Jean Prioux s’exécute, sort dans la cour et aperçoit le chien toujours attaché. Pour avoir l’esprit tranquille, il se dirige vers le cellier, resté ouvert en raison de la fraicheur de la nuit. A peine est-il entré qu’il est assailli par Hulin qui lui porte plusieurs coups de rasoir au niveau de la gorge. Une lutte terrible s’engage alors entre les deux hommes. Alertée par les appels à l’aide de son mari, Léontine Prioux se munit d’une pelle et d’un tisonnier et frappe courageusement l’agresseur à la tête. Hulin riposte à coups de poing et de rasoir qu’il perd dans l’assaut. Désarmé, voyant qu’il ne peut venir à bout des deux quinquagénaires, Hulin renonce à ses criminels desseins et s’enfuit. Il abandonne son veston et ses chaussures pour franchir plus rapidement la clôture et disparaît dans la vallée de la Boivre. Gravement blessé, Jean Prioux est immédiatement évacué à l’hôpital. Il a reçu 24 coups de rasoirs. Sa femme porte plusieurs coupures à la poitrine. Les gendarmes de Poitiers partent à la recherche de l’agresseur. Leurs investigations sont facilitées par les nombreuses traces de sang qui jonchent le chemin. Après un jeu de piste de plus d’un kilomètre, les empreintes s’arrêtent brusquement à l’orée d’un champ. Hulin est découvert dissimulé derrière un tas de foin. Son visage ensanglanté, les nombreuses plaies et coupures sur son crâne et ses poignets, sa chemise déchirée ne laissent planer aucun doute sur sa culpabilité.

Le procès de Gabriel Hulin s’ouvre à Poitiers le 10 février 1936. Lors de l’entrée de l’accusé dans le prétoire, l’auditoire découvre un garçon solide, trapu, musclé même. Le face à face avec les victimes constitue un moment fort de l’audience. La déposition de Jean Prioux, le visage et le cou tailladés de longues estafilades, qui a déménagé à Poitiers depuis son agression, fait forte impression. « Voilà comment je suis rendu aujourd’hui. J’étais fort gaillard, mais maintenant… » dit-il, des sanglots dans la voix. Gabriel Hulin, en larme, prend connaissance du verdict : 20 ans de travaux forcés et 20 ans d’interdiction de séjour.

Sources : L'Avenir de la Vienne
Illustration : La Une de ce même journal

Aucun commentaire: