samedi 26 avril 2008

Disparitions mystérieuses à La Poste

Pierre-Gustave Villars a tout de l’employé modèle. Entré le 19 septembre 1838, à l’âge de 20 ans, dans l’administration des Postes, le jeune homme gagne aisément la confiance de ses supérieurs. Son intelligence et son activité lui permettent de monter en grade rapidement. En 1843, il est nommé brigadier-facteur. Puis, en juillet 1856, il obtient l’emploi de courrier-convoyeur au service des dépêches de Poitiers à Aigrefeuille (Charente-Maritime).

Pendant encore deux années, sa conduite irréprochable le met hors de tout soupçon lorsque des erreurs sont commises. Au début de l’année 1858, l’administration de la Poste est sujette à de nombreux vols. Une cinquantaine de lettres contenant à chaque fois des billets de banque sont mystérieusement soustraites. Le coupable utilise toujours le même procédé : il ouvre les enveloppes sur le côté et les recolle ensuite minutieusement. Le personnel « sédentaire » qui compose les bureaux mis hors de cause, la justice s’intéresse plus particulièrement aux courriers-convoyeurs. En fonction de la provenance et de la destination des lettres dérobées, le service des dépêches de Poitiers à Aigrefeuille est immédiatement incriminé. Les enquêteurs remontent ensuite la filière et comparent les jours où ont été commis les vols avec ceux de présence des employés. Le nom de Villars revient systématiquement. La moralité de l’agent qui jusque-là faisait l’unanimité, s’effrite un peu plus à chaque évolution de l’enquête. La liaison qu’il entretient avec une femme de mauvaise vie de La Rochelle, à qui il a envoyé près de 1200 francs, est affichée au grand jour. Tout comme la somme, bien au dessus des moyens d’un simple employé des Postes, qu’il a léguée à son fils pour son installation. Enfin, lors d’une fouille à son domicile, les gendarmes découvrent plus de 810 francs en or et un tube de colle blanche dissimulé dans la doublure de son manteau. Face aux charges qui s’accumulent contre lui, comme le placement de 1000 francs fait dans une banque civraisienne, l’accusé finit par céder et avoue être à l’origine de 43 vols. Il ajoute également avoir caché une boîte contenant plus de 5000 francs en liquide dont il emportera le secret de l’emplacement dans la tombe. Trois jours avant son passage devant la cour d’assises de la Vienne, Villars dévoile finalement sa cachette secrète. Dans le grenier de son domicile, rue des Trois-Piliers à Poitiers, la justice met la main sur une boîte à double fond avec à l’intérieur plus de 6000 francs en liquide.

Le procès de Pierre-Gustave Villars s’ouvre à Poitiers 21 novembre 1859. L’accusé doit répondre au crime de soustractions de valeurs et de détournement, suppression et ouverture des lettres à lui confiées. Pas moins de 116 questions sont soumises aux jurés. Toutes reçoivent une réponse positive. Le facteur est condamné à six ans de réclusion.

Sources : Archives départementales de la Vienne, 2 U 1643
Illustration : Timbres du Second Empire

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