vendredi 18 avril 2008

La mystérieuse disparition de P'tit Louis

Louis Croizard, surnommé le P’tit Louis en raison de sa petite taille et de sa nature délicate, est un personnage atypique du village de Sossais. Vivant de ses rentes, l’homme de 40 ans blâme avec vigueur les personnes qui se ruinent la santé par excès de travail. Il passe ses journées à flâner dans ses vergers ainsi qu’au bord de son étang. Sa petite fortune lui vient d’une donation héritée à la mort de sa femme. Le 16 novembre 1864, à 10h, Louis Croizard se rend chez sa mère qui habite, avec sa sœur et son beau-frère, à 200 mètres de son domicile. Vers 13h, après le déjeuner, il se retrouve en tête-à-tête avec son beau-frère, Vincent Violleau. C’est à partir de ce moment que Louis Croizard disparaît mystérieusement sans laisser la moindre trace.

Le 7 décembre, un habitant de Sossais remarque que l’ouverture d’un puits sans eau a été dérangée. L’homme jette une pierre à l’intérieur. Le bruit qui s’en échappe est anormal. Au fond gît le corps sans vie de Louis Croizard. Les deux médecins appelés sur les lieux établissent les premières constatations. Le cadavre est positionné sur le dos, les jambes relevées et la tête recouverte par la blouse. Plusieurs éléments indiquent que Louis ne s’est pas suicidé mais a bien été assassiné. De larges blessures faites par un instrument tranchant sont tout d’abord découvertes derrière la tête. Selon les experts, un homme qui se jette ou est jeté vivant dans un puits le fait obligatoirement les bras en avant. Or, les membres supérieurs de la victime ne portent ni cicatrices, ni luxation. De plus, la position des bras, en croix sur la poitrine, laisse supposer que le corps a été jeté pendant la période de rigidité cadavérique. Enfin, plusieurs taches de sang sont découvertes sur les chaussures et le pantalon du cadavre. Tombées de haut en bas, elles ne peuvent pas être la conséquence de la chute. Les soupçons se portent immédiatement sur la dernière personne à avoir vu la victime vivante c'est-à-dire Vincent Violleau. Le cultivateur a toujours nourri une vive jalousie à l’égard de la fortune de son beau-frère. Les gouttes de sang retrouvées sur plusieurs meubles de sa maison, sur des vêtements lui appartenant, ainsi que sur sa serpe ne laissent planer que peu de doutes sur sa culpabilité.

Le procès de Vincent Violleau se déroule au palais de justice de Poitiers les 21 et 22 février 1865. Les témoignages des professeurs Lorain, agrégé à la faculté de médecine de Paris, et Roussin, du Val-de-Grâce, constituent les moments forts des débats. Les deux experts expliquent, grâce à une analyse au microscope, que le sang retrouvé sur les vêtements et la maison de l’accusé est bien du sang humain. Finalement, grâce à une habile plaidoirie de l’avocat de la défense, Vincent Violleau échappe à la peine capitale. Il est condamné à 20 ans de travaux forcés.

Sources : Archives départementales de la Vienne, 2 U 1662
Illustration : Plan de la scène du crime dans le dossier d'assises


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