samedi 12 avril 2008

Le crime de "Fanfan La Brute"

Le 17 février 1923, près d’Ingrandes, la veuve Cardinaux, marchande de poissons âgée de 48 ans, est accostée par un homme à l’allure étrange. Celui-ci lui fait des propositions malhonnêtes. Essuyant un net refus, l’homme profère des menaces et se saisit d’un couteau. L’arrivée d’une jeune fille met fin la scène, mais l’individu ne compte pas en rester là. Il revient sur ses pas, rejoint la jeune fille au lieu-dit Les Justices. Il s’agit de Renée Monnet, 19 ans. D’un geste brusque, il fait tomber sa nouvelle proie au bas d’un talus et tente de satisfaire sur elle ses plus bas instincts. Mais, Renée se débat avec acharnement. L’homme se saisit alors de son couteau, l’ouvre avec les dents et frappe violemment la malheureuse à la gorge. Après avoir dissimulé rapidement le corps dans un ruisseau, l’homme se lave les mains et s’empare de la somme de 6 francs et d’une photographie de sa victime.

Les époux Monnet sont inquiets. La nuit est tombée et leur fille n’est toujours pas rentrée de Châtellerault. Ce n’est pas dans ses habitudes de s’attarder dans ses courses. Le lendemain, M. Monnet décide de partir à sa recherche. Le cœur serré, il prend la direction de Châtellerault. C’est par là que sa fille devait rentrer. Arrivé aux Justices, il regarde par-dessus le parapet du pont et aperçoit, baignant dans l’eau, le corps sans vie de Renée. Les premiers renseignements recueillis par les gendarmes permettent d’identifier le meurtrier : François Legroux, né à Paris, enfant de l’assistance publique, ancien militaire, il a subi de nombreuses condamnations pour vols et port d’arme prohibée. Dans la soirée, le commissaire Schwartz, de la police de Poitiers, reçoit le signalement de Legroux. D’une taille au-dessus de la moyenne, celui-ci est coiffé d’une casquette à longue visière et est facilement reconnaissable aux tatouages qu’il porte sur ses deux mains et à sa moustache coupée à l’américaine. Les policiers inspectent tous les lieux publics de la capitale poitevine. A la gare, le propriétaire d’un hôtel déclare qu’un homme ressemblant au suspect lui loue actuellement une chambre. Il lui a montré une photographie d’une jeune fille qu’il déclare être sa fiancée. François Legroux est immédiatement arrêté. Il fait des aveux complets.

Le 8 mai 1923, des « Le voilà, le voilà » montent de la salle d’audience du palais de justice de Poitiers. « Fanfan la Brute », comme on le surnomme maintenant, fait son entrée dans le box des accusés. Son teint terreux, ses cheveux très noirs et lissés, son cou puissant sortant d’une chemise sans col font forte impression. Le premier regard de l’accusé est pour les jurés, mais il détourne vite les yeux. Sans doute a-t-il déjà lu sa condamnation sur leur front sévère. Malgré une plaidoirie éloquente de Me Grasseau, François Legroux est condamné à mort. Son pourvoi en cassation rejeté le 21 juin suivant, Legroux est finalement gracié par le président Millerand le 24 août, à la grande indignation de tout le département.

Sources : L’Avenir de la Vienne
Illustration : Le palais de justice de Poitiers dans les années 1920.

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