Auguste Lepron fait partie de ce que l’on appelle les « remues d’hommes ». Fils d’un arracheur de dents, il passe son enfance à courir le pays, de foire en foire, à bord d’une roulotte bigarrée. A 21 ans, il rattrapé par l’armée et effectue son service militaire. Préférant la vie de « chemineux » à celle de soldat, l’homme déserte au bout de 21 mois et reprend la route, exerçant l’activité de raccommodeur de faïence. Arrêté à Barbezieux, il est condamné à deux ans de prison pour désertion. Sa peine accomplie, il se rend à Mézières-en-Brenne où sa sœur, Prudence, s’est établie. Elle est mariée à un propriétaire aisé et respecté, Alphonse Fauguet, qui habite une maison coquette avoisinant l’église. Dans une société largement rurale, où la terre est sacralisée, les existences déambulatoires inquiètent. Pourtant, l’honnête homme accueille son beau-frère à bras ouverts.
Dans la soirée du 3 mars 1911, l’attitude d’Auguste Lepron inquiète. Depuis plusieurs heures, il semble nerveux et tourne en rond dans toute la maison. Soudain, l’homme entre brutalement dans le salon où se trouve Faguet, assis dans un fauteuil. Il sort un poignard et frappe son beau-frère à sept reprises. Alertée par les bruits de lutte, Prudence pénètre à son tour dans la pièce. Elle parvient à faire sortir son frère qui se rend sans résistance à un voisin et ne peut que constater, impuissante, le décès de son mari. Lepron expliquera aux gendarmes que le fusil qui était habituellement accroché dans le vestibule avait disparu. Pour des raisons inexplicables, il s’était mis en tête que son beau-frère voulait le tuer. C’est en fait la domestique qui avait déplacé l’arme pour la nettoyer. Le procès d’Auguste Lepron s’ouvre à Châteauroux le 12 juin 1911. Au cours de débats qui paraissent jouer d’avance, l’avocat de la défense tente, en vain, de faire passer son client pour un aliéné. Lepron est finalement condamné aux travaux forcés à perpétuité.
Sources : Le Journal du département de l'Indre
Illustrations : Archives départementales de l'Indre
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