vendredi 18 avril 2008

Le destin dramatique de Fernande

Le 31 juillet 1911, Fernande Jallais quitte l’Hôtel-Dieu de Poitiers où elle s’est faite soignée pour une maladie vénérienne. La vie n’a pas été douce pour la jeune fille de 18 ans, originaire de Chauvigny. Abandonnée par son père, sa famille a vécu dans la misère. Ne pouvant subvenir aux besoins de ses quatre enfants, la mère de Fernande confie l’éducation de sa fille à sa grand-mère. Arrivée sans aucune ressource à Poitiers, Fernande se livre à la prostitution. Elle est inscrite sur les registres de la police en 1910 et est au cœur d’une affaire de mœurs quelques mois plus tard. C’est une relation hasardeuse dans un café de la capitale poitevine qui l’a finalement conduite à l’hôpital.

Le lendemain de sa sortie, le 31 juillet, elle rencontre un ancien amant, Alexandre Audebert, 20 ans, employé à l’usine à gaz. Alexandre n’est pas ce que l’on pourrait appeler un enfant de chœur. Plutôt instable, il tente plusieurs fois de se suicider. Coureur de jupons, il est surtout connu pour le revolver qu’il porte à la ceinture et pour ses accès de colère envers ses maîtresses. Son meilleur ami est un certain Mereau, tout juste condamné par la cour d’assises de Niort pour le meurtre de sa logeuse. Le soir même, les deux amants se retrouvent dans la chambre d’hôtel du garçon et ont des relations intimes. L’utopique bonheur de cette histoire est de courte durée. Le 4 août, pour fuir la fureur de son partenaire, Fernande part se promener dans les alentours de Poitiers accompagnée d’une amie. De retour vers 17 heures, elles s’apprêtent à monter l’escalier qui mène à la rue Thibaudeau lorsqu’elles sont rejointes par Alexandre. A sa vue, Fernande réprime un mouvement de terreur. Le jeune homme lui propose de manière incessante de rentrer avec lui. Lasse de ses réclamations, elle s’arme de courage et décide de mettre un terme à leur relation. Arrivé à la dernière marche de l’escalier, Alexandre sort son revolver et tire sur la malheureuse un premier coup qui l’atteint au bras gauche. Sous la violence de l’impact, Fernande tombe sur le trottoir. Alexandre se penche sur elle et, la visant froidement, tire une seconde fois, lui transperçant le cœur. La mort est instantanée. Paniqué, l’assassin retourne l’arme contre lui. Conduit immédiatement à l’hôpital, il se rétablit au bout de quelques jours.

Le procès d’Alexandre Audebert s’ouvre à Poitiers le 21 novembre 1911. L’accusé donne l’impression d’un gamin avec ses cheveux coupés ras et sa figure pouponne. A 22 heures, après seulement vingt-cinq minutes de délibérations, les jurés déclarent l’accusé coupable de meurtre et de port d’arme prohibée. Les circonstances atténuantes sont accordées. Il est condamné à six ans de réclusion.

Sources : L'Avenir de la Vienne
Illustration : C'est en haut de ces escaliers que Fernande a été assassinée

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