jeudi 10 avril 2008

Le double meurtre de Buxerolle

Le samedi 11 juin 1921, Alexandre Lucas, un marchand forain issoldunois, se rend à la foire d’Ardentes pour vendre ses marchandises. Le soir venu, le jeune homme de 22 ans dépense le maigre pécule qu’il a gagné au bal du pays. C’est là qu’il fait la connaissance d’Alphonse Daubord, un toucheur de bestiaux de 19 ans, originaire de Mers. Tous les deux dénués d’argent, l’idée de « faire un coup » devient alors le centre de leur discussion.

Lucas connaît à Buxerolle, sur la route de Sassierges, une ferme isolée dans laquelle vit un couple de vieux cultivateurs, les Limousin. Ils seront sans aucun doute des proies faciles. Arrivés sur les lieux, Daubord se cache dans l’embrasure de la porte de la cave, pendant que Lucas appelle le père Limousin à sortir de chez lui. Il affirme qu’un de ses camarades est tombé de vélo et qu’il lui faut de l’eau pour le soigner. Le père Limousin s’habille et accompagne Lucas, un broc d’eau à la main. Ils parcourent ensemble une cinquantaine de mètres lorsque Lucas s’empare d’un revolver et tire une balle à bout portant dans la tête du sexagénaire qui meurt sur le coup. La femme Limousin, alertée par la détonation, se lève à son tour. Daubord entre alors en scène. Il quitte sa cachette et frappe sa victime à cinq reprises avec un couteau à cran d’arrêt. La malheureuse, se débattant toujours, Lucas l’achève en vidant le barillet de son arme. Après s’être partagés la somme de 1455 francs, les compères partent chacun de leur côté et décident de rester discrets pendant quelques temps. Le lendemain, la découverte du corps des deux victimes émeut tout le département.

Le 20 juin, Lucas est arrêté par les gendarmes d’Ardentes. Plusieurs témoins ont déclaré l’avoir vu sur la route de Buxerolle le soir du meurtre. Il avoue être seul l’assassin. Un mois plus tard, prenant peut-être conscience de la gravité de la peine qu’il encoure, Lucas dénonce son complice qui est arrêté le 7 juillet.

Le procès du double meurtre de Buxerolle s’ouvre à Châteauroux le 28 mars 1922. Il va durer deux jours. La perspective d’assister aux débats d’un procès criminel entrant dans les annales judiciaires locales a attiré une affluence sans précédent au palais de justice. Alexandre Lucas, vêtu d’un veston marron, le regard fuyant, semble résigné au sort qui l’attend. Au contraire d’Alphonse Daubord, cheveux blond, élégamment vêtu, qui n’exprime pas le moindre remord. Malgré les plaidoiries éloquentes de leurs avocats, maîtres Patureau-Mirand et Brisson, les deux prévenus sont condamnés à la peine capitale. Le 6 juillet 1922, la guillotine est dressée sur la place du palais de justice de Châteauroux. Une corbeille en osier est posée à gauche de l’engin. A 4h20, Lucas, dont les dernières paroles sont « Vive la Révolution », paie sa dette à la société. Cinq minutes plus tard, c’est au tour de Daubord.

Sources : Le Journal du département de l'Indre

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