jeudi 10 avril 2008

Le meurtre d'un huissier de justice (1935)

Le samedi 3 août 1935, vers 15 heures, maître Daniel Rivière, huissier de justice poitevin, se rend à Pouillé au domicile de Marthe et de Fernand Giraud. Ces derniers, frère et sœur, âgés respectivement de 50 et 52 ans, toujours célibataires, se partagent une importante exploitation agricole. L’officier ministériel, âgé d’une cinquantaine d’années, vient signifier un jugement du tribunal de commerce de la Seine qui condamne Marthe Giraud à rembourser la somme de 750 francs d’un emprunt réalisé auprès d’une maison de créance parisienne. L’agricultrice, qui souhaitait acheter un champ, avait relevé l’adresse de la société dans une petite annonce. C’est la troisième fois que l’huissier tente de récupérer l’objet du litige mais l’accueil brutal qui lui est réservé l’a toujours obligé à rebrousser chemin.

Ayant un mauvais pressentiment, il décide cette fois de partir accompagné de sa femme et de son jeune fils de 5 ans. Arrivé à Pouillé, Daniel Rivière gare son automobile sur la place de la commune et part, seul, rejoindre la ferme. Une heure, une heure et demie, puis deux heures passent… Mme Rivière, qui attend dans la voiture, n’est pas rassurée. Après avoir manifesté son inquiétude auprès du maire du bourg, elle gagne le domicile des Giraud. Sur place, tout semble normal. Marthe vaque à ses occupations tandis que son frère quitte la ferme en tirant un cheval attelé à un tombereau. Tous les deux sont unanimes : l’huissier est parti depuis longtemps. A 18h, n’ayant toujours pas de nouvelles de son mari, Mme Giraud alerte la gendarmerie de Saint-Julien-l’Ars. Immédiatement, les enquêteurs s’intéressent au tombereau, seul objet ayant quitté la ferme. Reprenant le trajet fait par Fernand Giraud, ils découvrent, à l’orée d’un bois, le corps sans vie de Daniel Rivière, la figure toute violacée. L’autopsie révèle que la victime n’a pas succombé des suites des coups reçus au visage mais par asphyxie. C’est en jetant le corps inanimé de l’huissier, après l’avoir violenté, dans le tombereau rempli de foin que le frère et la sœur Giraud ont causé la mort du malheureux.

Le procès des Giraud s’ouvre à Poitiers le mardi 11 février 1936. Il dure deux jours. Malgré la pluie incessante qui s’abat depuis l’aube sur la capitale poitevine, la salle d’audience est noire de monde. Le journaliste de l’Avenir de la Vienne livre une description originale des assassins : « Devant leurs visages têtus, hermétiques, farouches, devant les innommables choses délavées par l’eau, cuites par le soleil qui les vêtent, on se croit ramener d’un siècle en arrière au temps où Balzac burinait ses rudes figures de “Paysans” ». A la fin de débats où aucun remord n’aura été exprimé par les deux accusés, la cour les condamne finalement à sept ans de réclusion.

Sources : L'Avenir de la Vienne
Illustration : L'huissier assassiné dans l'Avenir de la Vienne

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