mardi 8 avril 2008

Le supplice des parricides

Avec une moyenne annuelle de douze affaires jugées aux assises françaises, le parricide est au XIXème siècle un crime d’exception. La charge symbolique que revêt le meurtre « des pères et mères légitimes, naturels ou adoptifs, ou de tout autre ascendant légitime », dans une société qui fait de la famille patriarcale une valeur essentielle, place cet acte odieux au sommet de la hiérarchie pénale au même titre que le régicide ou l’attentat contre la vie du chef de l’Etat. Selon l’article 13 du Code pénal de 1810, spécificité française, un appareil particulier entoure le supplice des parricides : le condamné est conduit sur le lieu de l’exécution en chemise, nu-pieds et la tête recouverte d’un voile noir avant d’être exposé sur l’échafaud pendant la lecture par l’huissier de l’arrêt de condamnation. Jusqu’à la loi du 28 avril 1832, le parricide subit également, un châtiment d’un autre âge, l’amputation de la main droite. A la fin de la Restauration, la petite commune de Champagné-le-Sec est le théâtre d’un drame du même ordre dont nombre d’aspects resteront à jamais dans l'ombre.


Extrait :
"[...] Le procès des empoisonneurs de Champagné-le-Sec est jugé à Poitiers, le 22 août 1827. De nombreuses incertitudes planent encore sur cette affaire. Si l’achat du poison par le mari est avéré, en revanche, rien dans l’instruction n’a permis de découvrir l’instigateur de la tentative d’empoisonnement, ni de savoir réellement à qui appartenait la main qui a déposé l’arsenic dans le pot de graisse de la veuve Rocher. Pour l’avocat général, la culpabilité d’Anne-Marie Biron ne fait aucun doute : elle seule a mis en scène ce plan diabolique. Ne dit-on pas dans la commune qu’elle était « un diable incarné plutôt qu’une femme ? ». Il ajoute que Pierre-Antoine Biron, incapable d’une telle abomination, n’a été que l’instrument de la folie vengeresse de sa femme. C’est sans surprise qu’il réclame, à la fin d’un réquisitoire sévère, la peine de mort [...]".

Sources : Archives départementales de la Vienne, 2 U 551.

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