vendredi 14 mars 2014

Le crime de la rue des Buttes

Le 27 janvier 1911, un individu pénètre dans le commissariat de police de Châtellerault. « Je viens de frapper ma femme et ma belle-mère avec ça », dit-il en jetant sur le bureau un couteau ensanglanté. Le meurtrier, André Tellier, a bien dit la vérité. Non loin de là, la foule s’affère devant les cadavres de Juliette Tellier et de Mme Bruneteau, sa mère.


Au numéro 69 de la rue des Buttes habitent depuis longtemps les époux Bruneteau. Cet ancien employé de « la Manu » et sa femme marient, en 1905, leur fille unique Juliette à André Tellier, un cordonnier de 25 ans. L’harmonie est loin de régner au sein du ménage Tellier. La violence est fréquente et les querelles permanentes. Tandis que la jeune femme de 22 ans vit ouvre un magasin de chaussures. Le foyer s’installe alors rue Bourbon. Dépourvu de tout sens des affaires, Tellier fait faillite en novembre 1908. L’homme se met alors à courir les foires et surtout les cabarets. Lasse de voir toujours les mêmes scènes de violence se renouveler, Juliette quitte son mari en janvier 1911 et se réfugie chez ses parents avec sa fille de 4 ans. Le 24 janvier, elle intente une procédure de divorce. La comparution des deux époux est fixée par le tribunal civil de Châtellerault à la fin du mois.
Le 27 janvier, Tellier apprend fortuitement par un clerc d’huissier qu’il est convoqué devant le tribunal. Il se rend à la mairie, déchire l’assignation et écrit à la place : « Pauvre petite, ta mère est bien coupable. Adieu à toutes les deux ». Vers 16h, il achète un couteau de 32 cm chez un coutelier de la ville. Après avoir noyé sa colère dans plusieurs estaminets, Tellier arrive enfin au domicile des époux Bruneteau. Sa femme apparaît. « Alors tu veux me quitter ? », lui demande Tellier. La réponse affirmative de Juliette le met hors de lui. Il se précipite sur elle et la frappe à seize reprises à la gorge et au visage. Mme Bruneteau tente alors de porter secours à sa fille mais elle aussi tombe sous les coups de Tellier. La violence de l’impact est telle que la lame du couteau se brise dans le crâne de la malheureuse. Le quartier est sous le choc. Un voisin, que l’on prend pour l’accusé, manque même de se faire lyncher. Avant de se constituer prisonnier, Tellier a le triste courage de prendre un dernier rhum dans un cabaret du quartier Saint-Jacques et d’annoncer l’acte horrible qu’il vient de commettre. « La lame est cassée mais je ne sais pas dans laquelle », dit-il, ironiquement, en montrant l’arme du crime.
Lors de son procès, le 9 mai 1911, Tellier a perdu le sang-froid dont il avait fait preuve au moment de son double meurtre. En proie à une émotion profonde, ses yeux battent rapidement, sa bouche est contractée comme pour contenir ses sanglots. En réponse à l’avocat général qui réclame la tête de l’accusé, l’avocat de la défense, Me Douard, demande aux jurés de ne pas ajouter un troisième cadavre dans la vie de la fillette Tellier. Condamné à mort, André Tellier est gracié un mois plus tard par le président de la République qui commue sa peine en travaux forcés à perpétuité.
Sources : L’Avenir de la Vienne
Illustration : Extrait de L’Avenir de la Vienne du 9 mai 1911


dimanche 9 mars 2014

Duel au revolver entre des étudiants

Le ton monte au Castille, un des nombreux cafés animant la Place d’Armes de Poitiers. Pour une sombre histoire de promesse non tenue, chacune des rencontres entre Félix Destaing et Louis Fournier dit « Vincent », deux étudiants en droit, manque de se terminer en rixe.

En cette nuit du 7 janvier 1843, la situation, cette fois, dégénère. Alors qu’il joue paisiblement au billard, « Vincent » est la proie des paroles insultantes de son rival. Excédé par ces provocations, le jeune homme perd son sang-froid et le gifle violemment. Destaing est projeté au sol entraînant dans sa chute une table et plusieurs bouteilles. En réponse à cet affront, d’autant plus infâmant qu’il s’est déroulé sous les yeux d’une large partie du monde estudiantin réuni dans le bistrot, l’offensé clame haut et fort que seul un duel au revolver rétablira son honneur.
Le lendemain, dès les premières heures du jour, les combattants accompagnés de leurs témoins se réunissent dans une plaine située à l’abri des regards près de Croutelle. Placés à quarante pas de distance, ils ne pourront échanger qu’un seul coup de feu. La plus légère blessure garantira la victoire. Si personne n’est touché, le verdict se décidera par un assaut au fleuret.
Les duellistes sont maintenant à la distance convenue. « Vincent », peu coutumier de ces échauffourées, a du mal à dominer sa peur. S’il manque sa cible, il risque de tout perdre, sa dignité bien entendu mais peut-être même sa vie. En effet, on prête à Destaing un passé de tireur adroit. Au signal, « Vincent » se retourne, fait cinq pas rapides et ouvre immédiatement le feu. Il est convaincu d’avoir fait mouche. Pourtant, à peine la fumée dégagée par son arme s’est-elle évanouie, qu’il aperçoit la silhouette impassible de Destaing le mettant en joue. Après une nouvelle détonation, une douleur insoutenable s’empare de son corps, sa chemise blanche se teint de rouge. « Je suis frappé en plein corps » s’écrie-t-il. Son adversaire, fidèle à sa réputation, n’a pas tremblé. L’affront ainsi lavé, Félix Destaing propose son aide et part chercher un médecin avant de disparaître.
L’écho de cet affrontement met près de quatre mois à remonter aux oreilles de la justice. Le 3 mai 1843, les deux clans sont renvoyés devant la cour d’Assises de la Vienne pour tentative d’homicide volontaire et complicité. Le Journal de la Vienne relate dans ses colonnes que « la jeunesse de toutes nos écoles s’était donnée rendez-vous pour assister à ce procès d’un genre particulier. Dès le matin, elle encombrait les avenues de la salle. La sympathie de cet auditoire semblait déjà acquise aux six jeunes hommes. C’était à qui leur serrerait la main, à qui se dirait leur ami ». Basant leurs plaidoiries sur l’impossibilité de qualifier d’assassin « celui qui expose sa vie en même temps qu’il attaque celle de son adversaire », les avocats de la défense réussissent finalement, au cours d’une séance animée, à convaincre le jury de prononcer l’acquittement.

Sources : Archives départementales de la Vienne, 2 U 1559
Illustration : Le café Castille, médiathèque François Mitterrand de Poitiers, C 610

vendredi 12 octobre 2012

Journée mondiale contre la peine de mort

Le groupe 61 de Poitiers, associé à l'ACAT-France, a organisé ce jeudi une exposition constituée d'une trentaine de panneaux exposée jusqu'à aujourd'hui au rez-de-chaussée de l'hôtel de ville de Poitiers, ainsi qu'un concours de plaidoirie organisé par l'École d'avocats de Poitiers dans le salon d'honneur de ce même hôtel de ville. Il a été suivi d'une lecture de texte par une lycéenne, et d'une conférence-débat animée par Dominique Breillat, professeur émérite de droit public à l'université de Poitiers. 

A cette occasion, 2 articles sont parus dans La Nouvelle République. 

Le premier sur la manifestation => ici 
Le second de Frédéric Chauvaud avec des exemples que l'on retrouve dans mon ouvrages les Grandes Affaires Criminelles de la Vienne => ici

Se souvenir que le couperet de la guillotine tombait encore à Poitiers en 1949... Ce n'est pas si loin. 

samedi 1 septembre 2012

Histoire de crimes

Passionnés d'affaires criminelles, Olivier Goudeau, auteur notamment des Grandes Affaires Criminelles des Deux-Sèvres et de la Touraine (Geste éditions), vient de créer un nouveau site dans lequel il répertorie l'ensemble de son travail de recherche. Olivier tient d'une main de maître depuis 10 ans, la chronique estivale "les crimes du jeudi" dans l'édition des Deux-Sèvres de la Nouvelle République. Un peu de pub s'imposait donc...


Retrouvez toutes les histoires sur son site : oliviergoudeau.com

lundi 6 février 2012

Conférence le 29/02

Grâce à une équipe volontaire et bénévole, la commune de Leugny (450 habitants) a ouvert une chouette petite bibliothèque. Afin de mettre en avant cette initiative, ils m'ont invité à donner une conférence sur l'histoire de la justice à travers les grandes affaires criminelles de la Vienne.


RDV le mercredi 29 février, à 20h.

vendredi 27 janvier 2012

Fait(s) Divers

La venue de Nicolas Bonneau à Châtellerault pour le festival des 100 Voix me fait penser à la création d'un spectacle que je n'ai malheureusement pas encore vu : Fait(s) Divers

Pour reprendre le pitch : Après une immersion dans le monde social et politique, avec Sortie d’usine et Inventaire 68, Nicolas Bonneau continue d’interroger notre société, et cette fois-ci, il s’attaque au fait-divers. Le fait-divers, comme le roman noir, dévoile la face cachée des choses, de la société, de l’être humain, jusqu’à parfois l’élever au rang du mythe et de l’universel. Malgré nos réticences (parfois) au voyeurisme, les faits-divers nous fascinent, car ils réveillent une part enfouie de nous-même. Lequel d’entre nous n’a pas un jour refreiné une pulsion ou une pensée hors la loi ? Quelle est notre propre barbarie ? Pourquoi certains passent à l’acte ? Pour traquer le fait-divers, Nicolas Bonneau a choisi de retracer le parcours d’un tueur en série ; non pas pour dresser un portrait complaisant de ce cas extrême, mais pour enquêter sur tout ce qu’il y a autour, les familles, les victimes, questionner la justice et la société. Et aussi raconter une enquête — noire, burlesque et palpitante, celle du conteur roulant en Picardie sur les traces de Jacques B., qui ne sait ce qu’il va découvrir…

Le passage à l'acte, la place des victimes, les questions sur une face "sombre", "barbare" enfouie en chacun de nous, le voyeurisme,... autant de questions sur lesquelles les historiens ont beaucoup travaillé. Le spectacle donnera peut-être les réponses sur la fascination que suscitent les faits divers ou grandes affaires criminelles. 
En attendant (de voir le spectacle un jour), vous pouvez suivre le carnet de bord de Nicolas Bonneau sur son blog : A la recherche de Jacques B.  

lundi 2 janvier 2012

"Tourner la page de 2011"


C'est vrai, il n'est plus tout jeune... mais toujours là ;-) Paru dans la NR du 31/12.

vendredi 16 décembre 2011

Demain sur Planète + Justice

La diffusion du reportage "Des crimes presque parfaits" consacré à Jeanne Weber, l'Ogresse de la Goutte d'Or, et dans lequel j'interviens, est diffusé samedi 17 décembre, à 20h40 sur Planète + Justice ^^