mardi 27 mai 2008

Jeanne Weber, l'Ogresse de la Goutte d'Or

A deux kilomètres de Villedieu-sur-Indre, sur lequel plane le nuage des fumées des usines de porcelaine, se trouve le village de Chambon. Assises sur le bord du chemin qui mène au hameau d’une vingtaine de feux, des couturières confectionnent des chemises, l’autre grande industrie locale. Parmi elles, se trouvent Jeanne Glaize. Depuis un mois, la femme de 33 ans, à la figure ronde, au teint rouge et aux mains fortes, travaille au service de Sylvain Bavouzet, un modeste journalier de 55 ans. Elle s’occupe notamment de ses trois enfants : Germaine, Louise et Auguste, âgés respectivement de 16, 11 et 9 ans. Dans la soirée du 16 avril 1907, le petit Auguste, de retour de l’école, se plaint d’une douleur terrible à la tête. Jeanne le met au lit. Comme c’est souvent le cas, Jeanne est seule avec les trois enfants. Le père Bavouzet est partie bûcheronner du côté de Chezelles.

Au lever du jour, l’état de santé du garçon s’est largement détérioré. Il râle, suffoque, avant de rendre l’âme peu de temps après le retour de son père. Le Dr Papazoglou, médecin à Villedieu, venu constater le décès, note dans son rapport la présence d’un sillon suspect autour du cou de la victime. Cet élément remonte jusqu’au parquet de Châteauroux. Le docteur Audiat de Châteauroux est mandé par le juge d’instruction Belleau pour réaliser un nouvel examen. L’homme de l’art constate également une trace suspecte autour du cou, mais conclut à une cicatrice faite par le col d’un vêtement trop serré. L’affaire allait être « enterrée » lorsque, coup de théâtre, le 22 avril, Germaine, la fille aînée de Bavouzet, se rend à la gendarmerie de Villedieu. Elle révèle que la femme qui vit chez son père n’est autre que Jeanne Weber, l’Ogresse de la Goutte d’Or. Celle que l’on surnomme également « la tueuse d’enfants », comparaissait en janvier 1906, devant la cour d’assises la Seine, accusée d’avoir fait périr entre ses mains ses trois neveux et son propre fils. C’est grâce à la déposition d’un éminent professeur de médecine légale parisien, le docteur Thoinot, qui n’a rien relevé lors de l’autopsie des victimes, qu’elle est sortie libre du tribunal. « C’est elle qui a étouffé mon petit frère Auguste. J’ai remarqué qu’il avait des tâches autour du cou comme si on l’avait serré », ajoute la jeune fille. Le parquet de Châteauroux ordonne immédiatement une nouvelle autopsie. Le 3 mai, les docteurs Charles Audiat et Frédéric Bruneau, médecin en chef de l’hôpital de Châteauroux, exhument le corps du petit Bavouzet. « Nous sommes en présence d’un sujet ayant subi des violences certaines au cou. Nous n’affirmons pas que la mort est la conséquence de ces violences, mais cela est fort probable », concluent-ils. Le lendemain, Jeanne Weber est arrêtée. Son avocat sera celui qui l’a fait innocenter à Paris, Me Henri Robert.

Cette affaire fait grand bruit dans tout le pays, maintenant divisé en deux camps : « Les uns ne voient en elle qu’une tueuse d’enfants qualifiée déjà d’ogresse, employant d’horribles machinations pour satisfaire ses instincts criminels. Les autres la supposent simplement victime de la fatalité », écrit un journaliste du Parisien. Devant les pressions de la presse et de l’avocat de la défense, une contre-autopsie est ordonnée par le juge d’instruction. Elle sera réalisée par le Dr. Socquet, médecin légiste du parquet de la Seine et le professeur de médecine légale de la faculté de Paris… Léon Thoinot… A suivre

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